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  • Photo du rédacteurGuillaume Desventes

Faire la propagande d’Éric Zemmour, cela fera-t-il réagir les niçois ?

Dans la continuité de sa campagne pour les présidentielles, le candidat du parti « Reconquête » Éric Zemmour est dans les Alpes-Maritimes ce week-end. L’occasion idéale pour tenter une expérience sociale auprès des niçois. Porter un t-shirt à son effigie et distribuer des tracts de son dernier livre. Quelle sera la réaction des habitants ?


T-shirt porté à l’occasion pour l’expérience sociale © Guillaume Desventes

Des regards remplis de haine

Nice, jeudi 20 janvier, 18h. Notre étudiant en journalisme Guillaume Desventes décide de tenter ce qu’il définit comme « une expérience sociale ». En traversant l’allée Jean Médecin, les regards commencent à s’attarder sur ce vêtement, pour le moins étrange. Mais toujours aucune interaction. Arrivée à la gare, les regards sont de plus en plus insistants, de plus en plus noirs surtout. Mais les gens ne viennent pas exprimer ce qui semble les déranger. Alors une solution, provoquer l’interaction. Pour se faire, il suffit de quelques tracts avec la première de couverture du dernier livre d’Éric Zemmour et d’aller au contact des gens. Les voyageurs à peine sortis de leur train, voient ses papiers. Tous refusent d’en prendre, mais la première véritable réaction se libère. « Ah Éric Zemmour carrément. Non merci, pas pour moi », lance un père de famille, les yeux levés vers le ciel. Après 20 minutes peu fructueuses, direction le tramway Jean Médecin, en centre-ville. Positionné à côté de l’escalator, c’est l’endroitparfait pour voir le maximum de réaction. Bonne pioche.

Même si seulement 4 tracts sont distribués pendant 30 minutes (dont un jeté dans l’escalator), les réactions sont là. « Facho » « Éric Zemmour, cet enculé de raciste », et encore d’autres insultes (en français et en arabes). La plupart des gens passés avec un regard noir, sans réponse au « bonsoir » lancé par notre étudiant. Le fait de distribuer ses tracts et de faire en l’occurrence de la publicité pour un tel personnage, le place dans le camp du mal. C’est 50% des gens croisés ce soir-là, qui ont défiguré du regard notre étudiant. Après l’une de ses remarques, un échange a lieu entre lui et une jeune femme de couleur. A la question, « pourquoi vous ne pouvez pas voter pour lui ? », cette dernière répond « Vous voyez ma couleur de peau monsieur. Je ne peux pas prendre votre papier ». Une image de raciste colle à la peau du polémiste. Pour elle, il est impossible en tant que noir de s’associer avec Éric Zemmour.

« Tu es black, tu ne peux pas défendre Zemmour »

Durant cette soirée, l’équipe de la rédaction a la chance de croiser Lorène Mabou, étudiante à l’école du journalisme de Nice. Camerounaise de naissance, cette jeune femme noire a la brillante idée de me remplacer pour distribuer les tracts à ma place. L’idée ici est de voir comment les gens vont réagir lorsqu’ils vont voir une personne de couleur, faire la promotion d’une personne condamnée pour propos racistes par le passé. En moins de deux minutes, un homme blanc d’une quarantaine d’années pose son regard sur l’étudiante, sans comprendre. Il lui dit « comment tu peux faire ça ? Tu es black, tu ne peux pas défendre Zemmour », avant de rejoindre le tramway niçois. Une situation cocasse qui illustre bien l’idée que les gens se font d’Éric Zemmour sur le plan racial.

Guillaume Desventes et Lorène Mabou, en pleine distribution de tracts © Gisèle Nsoa

C’est notamment ce qui a fait débat en fin d’année lorsque Tanguy David, jeune militant noir s’est affiché avec le candidat du parti « Reconquête ». Une incompréhension se crée alors autour de ce sujet. Pour Lévana Charbit, étudiante niçoise et membre du groupe « Génération Zemmour », il faut creuser pour comprendre toutes les idées du candidat « La difficulté face à un personnage tel qu’Éric Zemmour est que pour le comprendre (attention, comprendre ne signifie pas adhérer). Il faut nécessairement lui laisser le temps d’exprimer en totalité les tenants et aboutissants de ses raisonnements. C’est ainsi qu’il est qualifié, par exemple, de sexiste, alors même qu’il a la ferme volonté de protéger les femmes de l’insécurité. Protéger leur honneur en abolissant le système de parité qui récompense un sexe plutôt qu’une aptitude. »

Soutenir Éric Zemmour, une honte sociale ?

Afin d’aller plus loin dans l’expérience. Nous sommes revenus le lendemain matin au même endroit afin de distribuer des tracts. Mais avec une différence notable. Les feuilles promulguent cette fois-ci la campagne de Jean-Luc Mélenchon. Dans les derniers sondages publiés par l’IFOP, Éric Zemmour est à 12% d’intentions de vote, soit deux de plus que le chef du parti de la France insoumise. En moins d’un quart d’heure, les quinze papiers sont partis. Intriguant quand nous savons que Nice est une ville à droite. Est-ce peut-être le fait d’afficher son accord avec les idées de l’ancien chroniqueur de Cnews qui pose problème. Les gens auraient-ils honte de leurs idées ? Ou simplement peur de se faire agresser. Pour reprendre le cas de Tanguy David, c’est ce qu’il se passe dans sa vie, depuis qu’il a affiché son soutien à la candidature de Zemmour. Mais au-delà des chiffres, ce sont les réactions des gens qui sont les plus frappantes, en réponse notamment avec celles de la veille. Même lorsque les gens refusent de prendre le tract, ils s’excusent, souhaitent un « bon courage » à notre étudiant. Une différence de comportement qui laisse entrevoir un désaccord et une haine envers ce que représente Éric Zemmour. Si des regards noirs se sont posés sur notre étudiant, il est fort probable que ces mêmes regards se destinent à ceux qui prennent le tract. Il est important de noter que les personnes intéressées par le tract de Mélenchon sont composées de profils hétéroclites. A l’inverse, le peu de papiers distribués à l’effigie de Zemmour sont tombés dans les mains de trois personnes blanches de plus de 50 ans.

Zemmour, plus clivant que jamais


Afin de dresser un bilan de cette expérience, nous pouvons voir qu’il faut aller provoquer les gens afin d’avoir une réaction. Dans les rues, un simple t-shirt ne suffit pas. Malgré quelques insultes, rien de grave s’est produit comme certains étudiants l’avaient prédit à leur camarade. Eric Zemmour ne plaît pas à tout le monde certes, mais suscite l’intérêt partout où il passe. Au final, les réactions les plus intéressantes sont finalement venues de l’école. Le journaliste et intervenant à l’école du journalisme Michael Lefebvre ne comprend pas le t-shirt. Après lui avoir parlé du projet, il dit « tu risques de te faire casser la gueule ». Les étudiants ont également voulu prendre une photo du t-shirt, car il trouvait ça amusant. Beaucoup de réactions inattendues, mais auraient-ils réagi de la même façon avec un t-shirt Yannick Jadot ? Certainement pas pour Yann Bouvier, étudiant en master à l’EDJ « Comme Zemmour est extrême, forcément il me fait plus réagir que Jadot, ou d’autres ». Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne laisse personne indifférent. « Que ça soit en bien ou en mal, le plus important c’est qu’on parle de moi » disait Léon Zitrone. Une devise qui colle à la peau, du personnage Éric Zemmour, plus clivant que jamais.




Éric Zemmour lance sa campagne présidentielle dans les Alpes-Maritimes. Après un passage à Nice en septembre pour faire la promotion de son livre, le candidat du parti « Reconquête » est aujourd’hui à Menton pour parler du passage des migrants à la frontière Franco-Italienne. Un des sujets principaux pour son électorat. Il est venu rencontrer et remercier les policiers présents à cet endroit, en évoquant les « chiffres migratoires catastrophiques », causés par la politique d’Emmanuel Macron.
Après Menton, il se rendra demain à Cannes, pour un meeting sur l’union de la droite au palais des Victoires. Il sera accompagné par Jean Messiah, pour une conférence de 2h sur ses possibles renforts dans le camp des LR. Dans la même journée, le député européen Gilbert Collard devrait également rejoindre le camp du polémiste. Un week-end très important donc pour la droite conservatrice et Eric Zemmour, lui qui se retrouve à la croisée(tte) des chemins.


Desventes Guillaume

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